Condrieu et St Joseph, au domaine « André Perret »
Les voyages express de « Clément Sélection » (où l’on vous emmène visiter un petit coin de vignoble en moins de 5min).
Aujourd’hui, Condrieu et St Joseph, au domaine « André Perret »
Depuis Lyon embarquons sur un bateau, en espérant qu’il soit moins ivre que celui de Rimbaud, et laissons-nous porter par le Rhône.
Après Vienne, commence la succession de terroirs mythiques du Rhône Septentrional. Ils sont tous l’un après l’autre au bord du fleuve. Je sais, je sais, il est difficile de résister aux sirènes de Côte-Rôtie (non n’insistez pas, nous irons une autre fois, c’est promis), mais c’est pour mieux arriver sur le merveilleux terroir de Condrieu, royaume du cépage Viognier.
C’est un vignoble reconnaissable à sa culture en terrasse sur des coteaux si escarpés que les ouvriers doivent souvent s’harnacher pour travailler dans les vignes. Ah, vous avez repéré Château Grillet, l’un des cinq plus grands vins blancs du monde selon le critique Curnonsky. Non, ce n’est pas là que nous allons, encore un peu de patience. Regardez, les voilà ! André Perret et sa fille Marie nous font signe d’accoster : ce seront nos hôtes aujourd’hui.
Nous sommes à Chavanay, un village au bord du Rhône, qui aime jouer au plus malin avec la géographie. Prêts pour un beau petit nœud au cerveau ?
Ce village est dans la région viticole du Rhône mais pourtant administrativement, il appartient au département de la Loire (sic). Ça commence bien. Accrochez-vous, ça se corse. Chavanay clôt l’appellation Condrieu, tout en ouvrant l’appellation Saint-Joseph : en effet sur cette commune si vous plantez le cépage Viognier, vous êtes en Condrieu, si vous plantez de la Syrah, vous êtes en St Joseph ! (re sic)
André a repris le domaine de son père en 1982. Marie l’a rejoint en 2019 et en cette année 2024 s’apprête à prendre seule les rênes du domaine. Son père va en effet prendre une retraite bien méritée, même s’il entend bien rester à portée de voix pour aider sa fille en cas de besoin. Le métier de la vigne est un métier de la transmission.
La philosophie du domaine consiste en une observation minutieuse des sols et de la vigne pour n’intervenir qu’en cas de nécessité, une maîtrise des rendements afin de gagner en concentration aromatique dans les raisins sans épuiser la vigne. Et une récolte qui se fait toujours à la main pour avoir des raisins les plus sains possibles.
A Condrieu, la famille possède un morceau de parcelle mythique : le coteau de Chéry. Mythique pourquoi ? en raison de son exposition parfaite (sud/sud-est) et de la maturité de ses vignes (en moyenne 60 ans). Leur cuvée éponyme est toujours une promesse de sensations fortes. Les notes de fruits jaunes typique du Viognier y sont portées par une belle fraîcheur qui permet d’équilibrer ce grand vin.
Au nord de l’appellation Saint Joseph, là où elle se confond avec Condrieu, la famille Perret exploite les parcelles qui donnent leur excellent St Joseph « Les Grisières », un vin au bouquet envoûtant de cassis, de rose, et de poivre. C’est une expression raffinée de la Syrah, tout en droiture et en finesse.
S’il fallait partir sur une île déserte avec un Condrieu et un St Joseph, nous choisirions ces vins-là. Surtout si l’île possède une grotte où les oublier quelques années.
Et vous, lequel choisiriez-vous ?
Je vous laisse rêver à cela et vous dit à bientôt pour un nouveau voyage express !
Œnologiquement vôtre,
Jean